• Mil et une. Semaine 45. Mon vieux ciné de Chloé

     

    Sujet semaine 45/2016

     

    Le mot à intégrer facultativement est : 

    MERIDIEN(NE)

     

     

    Le  vieux Ciné 

    Attenant à la bâtisse où résidait la môme, bien sûr que ce vieux ciné   ne lui appartenait pas  mais dans sa tête de gosse c’était comment dire, sa dépendance ? Sa résidence  secondaire ? Son terrain de jeux ?  Bref  «  Pas  la peine de chercher midi à quatorze heure » dans sa caboche de mouflette,   c’était chez elle et point barre ! C’est vrai quoi, son père tournait le film,  sa mère tenait la confiserie, sa voisine d’en haut  le guichet, celle d'en bas  la buvette  et elle  et sa sœur aînée dès qu’elles en eurent  l’âge , faisaient  les entrées.  Autant dire donc que c’était une entreprise quasi familiale !

    Elle en a ingurgité des films la gamine durant sa jeunesse « des films d’aventure, des cowboys, des ponts de la rivières kwaï, des canons de  Navarone, des gendarmes à St Tropez   en  veux tu,  en voilà , des Bourvil , des Bebel... » Oui, elle  en a   bien profité et les copains aussi d’ailleurs  ! Et  hop,  ni vue ni connue et vas y qu’elle te file un ticket par ci, un ticket par là  et discréto,  quand sa mère avait le dos tourné… un bonbec par ci, un bonbec par là ! Oh ça va, elle vous entend déjà  dire «  c’est pas bien la môme, c’est pas bien! » Bon ben de toutes façons, y’a prescription  et puis  au fond c’était juste une maigre compensation en nature pour les services  qu’elle rendait à la paroisse ! Faute avouée à demi pardonnée, non?   

    Mais le ciné ne se limitait pas à ces films qu’elle pouvait voir à volonté .  Les après séances étaient elles aussi toutes  aussi pimentées et offraient à la  bambina et à ses copains de cour une multitude d’activités et de possibilités non négligeables !

    D’abord il y avait  les  fameuses chasses aux trésors pendant que  la mama balayait le ciné  durant lesquelles , à  la recherche de papiers de  carambar et d’éventuelles pièces  qui auraient pu se glisser  par inadvertance  sous les méridiennes et strapontins , ils inspectaient  minutieusement chaque   coin et recoin de la salle .  C’était  la joyeuse époque des  DH à points  qui donnaient droits à des cadeaux quand on  en avait acquis suffisamment, si on  n’oubliait pas comme eux  de les expédier. Mais bon, leurs restaient  quand même les blagues  qui les  faisaient marrer et qu’ils ressortaient ensuite  aux camarades de classe. Le butin  au final n’était jamais bien gros mais leur plaisir lui était énorme !

    Ensuite il y avait  les incontournables parties de cache cache dans le noir. Il va de soi que tout cela se passait à l’insu de ses parents,  de préférence même quand ils étaient absents , histoire  qu’elle puisse dérober la clef et la remettre ensuite à sa place avec discrétion. Oui je sais, vous lui diriez à nouveau «  c’est pas bien la môme ça, c’est pas bien ! » En tous cas, quoi qu’il en soit,  elle et ses copains ne sont  jamais fait griller, même pas la fois où le curé de la paroisse avait déboulé à l’improviste. Imaginez seulement une minute, quinze gamins  tapis sous les fauteuils dans l’obscurité  la plus totale  tout ça dans  un   silence radio absolu sans l’ombre même d’un fou rire, d’un éternuement, d’un grincement de dents… Assez incroyable ces mouflets , pas vrai ? Le  vieux bougre n’y avait  vu que du feu  ! Faut dire qu’il était resté à l’extérieur de la salle mais quand même !

    Aux premiers amours naissant  quand  fleurissaient dans la pénombre   les premiers baisers et flirts clandestins, les parties de cache cache très  convoitées  comptaient  de plus en plus d'adhérents, ce qui  fit monter d'un cran l’adrénaline et  obligea  la demoiselle à redoubler de prudence pour déjouer la surveillance.  

    Puis   il y eut la dernière séance,  que voulez vous , il en faut bien une pour  écrire  le mot fin   La môme rembobina alors  le film de sa jeunesse en  laissant  derrière elle le vieux ciné. Fin de l'histoire et" le rideau sur l'écran est tombé"

    Quelques décennies ont passé et le temps où on l’appelait la môme est bien loin à présent. Le vieux ciné existe toujours et bien qu’un peu rafraîchi , il  a gardé sa façade d’avant. Tout l’intérieur lui a-t-on dit,  à été entièrement rénové mais la configuration est restée la même :  le guichet, la confiserie, la buvette…

    Bien qu’elle passe souvent devant , elle n’y ait jamais rentré depuis. Qu’irait-elle y chercher aujourd'hui, je vous le demande, puisque  l'affiche à changé et qu'elle  à conservé en l’état, dans sa mémoire de cinéphile, la version originale et intégrale  de son film.

    Chloé

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 8 Novembre 2016 à 11:11

    Cela me fait penser à cinéma paradisio. Quel bonheur ce doit être quand on est enfant d'avoir des parents qui tiennent un cinéma. Tu le racontes très bien.

    C'est bien que cet ancien cinéma existe toujours et qu'il n'ait pas été tué par les multiplexes inhumains

    Merci pour ce beau texte.

    2
    Mardi 8 Novembre 2016 à 13:01

    On avait un ciné de quartier tenu par une famille, des sièges en bois et sans la vitrine devanture les photos des films à venir, rien à voir avec les salles d'aujourd'hui, mais on était heureux d'y aller... occasionnellement, souvenir, souvenir aussi, il n'est plus...

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