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Par LILIIANE le 4 Septembre 2016 à 14:04
Fragments d'étoiles
Sur le thème de la différence
L'enfant de la lune
Elle aurait bien voulu, la petite Éloïse
Sortir de la nuit sombre,
Sans se brûler les ailes
Et quitter les brillances des lampes artificielles
Pour vivre au grand jour, en contemplant le ciel
Être fille du soleil sur les îles Marquises
Sentir le sable chaud, la peau couleur cannelle
Et comme les écolières, respirant le grand air
Sur la cour de récré, insouciante et légère
S’amuser au ballon, sans être prisonnière
Oui, elle aurait bien voulu ...
Poursuivre les sorcières, le voleur de lumière
Jusqu’à disparition des fantômes de l’ombre
Naviguer à sa guise
Prendre un autre chemin
Et changer son destin ...
Chloé
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Par LILIIANE le 4 Septembre 2016 à 13:55
Apprivoise Moi
L'autisme
« Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... » Extrait du Petit Prince de Saint Exupèry
Du haut de ses huit ans, sur la pointe des pieds dans une raideur presque cadavérique, Ludovic se tenait debout devant elle à la fois si proche et si lointain. Il tournoyait des heures entières inlassablement sur lui-même dans une sorte de recherche d’équilibre, tel un papillon épuisé qui ne peut jamais se poser. Son visage crispé exprimait quelque chose d’effrayant comme une douleur statique fixée à jamais sur la toile tandis que son regard désespérément vide la traversait d’un souffle glacial sans jamais s’arrêter ni la voir ! Ses mains assaillies de mille doutes, de mille souffrances aussi, semblaient dans leur détresse chercher le chemin des siennes mais dès qu’elles l’effleuraient, elles hurlaient de douleur, se tordaient, semblaient se consumer sous les feux de l’enfer !
Pourtant, chaque jour il était là, à proximité d'elle, emmuré dans son silence, cherchant , elle ne savait quoi d'indéfinissable. Sans comprendre vraiment ce qui la poussait, elle répondait présente à ce rendez vous insensé où n’existait qu’un froid sibérien et austère. La moindre de ses expressions, la plus petite de ses attentions, la simple manifestation d’une émotion, éveillaient en lui un chaos de sentiments contradictoires qui paraissait le submerger comme un raz de marée dévastateur, menaçant de l’engloutir à jamais.
A ce masque de souffrance, telle une comédienne s’exerçant sur les planches, elle opposait une expression neutre, dénuée de tout affect, étouffant ses attentes, retenant ses paroles , ses gestes et ses émois pour ne pas le faire fuir ! Derrière sa carapace, elle était neige fondant au soleil, luttant en désespoir de cause à cette envie de le prendre dans ses bras pour mieux le protéger , mais elle n’en faisait rien de peur de l’effrayer. Il te faudra être très patient si tu veux m’apprivoiser disait le renard dans le Petit Prince ! Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... »
Alors dans cette constance elle attendait sans jamais défaillir, espérant que le temps deviendrait leur allié !
A ne demander rien il lui donna beaucoup et l’échange s’installa lentement, au fil du temps, par petites touches ! Un jour s’éloignant d'elle, au plus loin dans la pièce, lui qui ne parlait pas lui cria son prénom, sautant comme un poisson qui recherche son air, la laissant interdite, bouleversée d’émotion mais elle ne put rien dire si ce n’est : « Oui Ludo »
Chloé
Commentaires
chloé18/02/2012 14:33
Cat18/02/2012 13:56
chloé18/02/2012 12:44
Mony18/02/2012 11:45
Miche18/02/2012 02:47
chloé17/02/2012 21:31
Lorraine17/02/2012 13:11
chloé Noura16/02/2012 20:14
lilou16/02/2012 19:59
vegas sur sarthe16/02/2012 18:40
emma16/02/2012 17:24
flipperine16/02/2012 17:14
jill-bill.over-blog.com16/02/2012 17:12
1 commentaire -
Par LILIIANE le 4 Septembre 2016 à 13:30
Thème La Différence
Extrait d'un poème sur la différence
"La rencontre avec ce qui n'est pas moi,
Avec ce qui est différent de moi
M'enrichit "
Tahar Ben Jelloun
Educatrice dans l'enfance inadaptée pendant plus de trente cinq ans, je ne me suis jamais épuisée de ces rencontres à la croisée de chemins, parfois insolites, souvent tortueuses mais empreintes de tant de vérité et sincérité!
Elles m'ont fait découvrir l'essentiel , m'ont donné le goût des mots justes, nus, à l'état brut, m'ont détourné des faux semblants , m'ont fait prendre des raccourcis pour dire de mon vivant, de leur vivant, aux personnes qui me sont chères combien elles me sont importantes!
Ce texte ainsi que les textes parus dans fragments d'étoiles sont dédiés à Mickaëla, à Alain, à Gildas, à Christophe, à Fares, à Dylan, à Florence, à Thierry, à Fabien , à Juju ... à toutes ces petites étoiles qui aujourd'hui scintillent dans les cieux.
L'enfance rattrapée
Si seulement, se disait Manon après avoir vu l’intouchable, ce film était sorti quelques décennies plus tôt, le regard de l’environnement vis-à-vis des personnes dépendantes comme elle, aurait sans doute été différent !
Par chance, au hasard des sentiers de traverses, elle aussi comme Philippe avait eu son "Driss" quand elle était petite.
Vingt cinq ans s’étaient écoulées depuis mais elle se souvenait dans les moindres détails de ce jour de décembre où Vivaldi à son tour l’avait joliment emportée dans une mélopée guillerette digne des plus grands ! Cette symphonie magistrale, teintée d’émotions, de sensations différentes, ne l’avait dès lors plus quittée et s’était à jamais imprimée dans sa mémoire, dans son âme et au plus profond de son cœur !
Elle y repensait souvent à sa fée Clochette !
Comment du haut de ses six ans , privée de toute autonomie, sans accès aux mots, ne marchant pas, tricotant avec ses mains incapable de contrôler le moindre de ses gestes, aurait –elle pu, à elle seule, faire comprendre à son entourage, qu’avant d’être un objet de soin, elle était une enfant !
Comment dans la solitude qui était la sienne, expliquer à Maria l’aide soignante ou à Margot la kinésithérapeute , qui tous les matins boulonnaient son corset pour fort heureusement lui déboulonner le soir, qu’elles l’enfermaient encore d’avantage !
Comme toutes les fillettes de son âge, elle voulait s’amuser, rouler- bouler dans l’herbe verdoyante de la pelouse fraîchement coupée, entendre les nonnettes, le bruissement des feuilles, s’éblouir de soleil …
La nuit, libérée de toutes contraintes, Manon en rêve rejoignait les étoiles et volait dans le molletonné des nuages qui, comme sur un trampoline, s'amusaient à la faire rebondir.
Au petit matin hélas, elle retrouvait son quotidien. Le ciel avait alors perdu tout son bleuté et ses yeux de « minotte » restaient à nouveau rivés au sinistre plafond blanc, tristement vierge et dénué de toutes traces de vie et d’intérêt ! Les souvenirs de ces instants lui revenaient si vivement en mémoire que Marion se mit à gesticuler dans tout les sens, tant l’émotion était importante!
Reprenant le fil de ses pensées, elle se remémora alors ce fameux jour de décembre où soudainement tout avait changé pour elle.
C’était à l’approche de Noël et comme chaque année le sapin avait été garni de boules et de guirlandes, sûrement lumineuses, mais celui-ci était si loin, qu’elle n’en perçut que quelques brillances très floues! L’ambiance était calfeutrée et la musique si peu perceptible, qu’il lui fût également impossible d’identifier la moindre mélodie ! Le plafond quant à lui restait irrémédiablement désert.
Quand clochette fit son apparition, elle était rayonnante et se dégageait de son sillage quelque chose de particulier, d’inhabituel qui sentait bon le patchouli !
« Bonjour Manon » lui avait- elle dit doucement, en s’adressant directement à elle « Je m’appelle Julie » Elle lui avait alors caressé la main puis était restée silencieuse comme si elle voulait lui donner le temps de la réponse. L’attente, compte tenue de sa lenteur, de sa difficulté à emmagasiner toutes les informations tactiles, visuelles, sonores, avait du être longue mais quand, après de multiples efforts , elle avait enfin réussi à soulever légèrement le tronc, à redresser quelque peu la tête, sa fée , peu importait son nom, était toujours là, attentive. C’était bien la première fois que quelqu’un l’attendait avec tant de patience au carrefour si compliqué des rencontres et Manon en fût toute émue.
Les jours suivants, Julie munie de ses pinceaux , repeignit l’horrible plafond. Elle dessina un bel arc-en- ciel aux couleurs flamboyantes qu’elle entoura, pour l’occasion, de grandes étoiles fluorescentes. Avec les conseils et l’aide de Margot, qu’elle avait entraînées dans son sillon, elle fabriqua plus tard ce qu’elle appela des ORNI (objets roulants non identifiés) et les initia aux joies de la glisse et des sensations fortes qui décoiffent !
L’évocation de tous ces souvenirs ne la rendait pas triste, bien au contraire. Elle se surprit même à rire aux éclats en se remémorant les fois où elle lui avait fait danser la lambada sur ses pieds, où elle avait fait du toboggan avec elle, du ballon sauteur…
Le temps certes avait passé. Elle était devenue lourde, difficile à mouvoir, plus fatigable aussi mais ces précieux moments de l’enfance retrouvée au hasard d’un chemin, étaient gravés dans la mémoire profonde de son être, de son corps tout entier, parce qu’elle les avait intensément vécus.
Chloé
Mes autres textes sur la différence
Apprivoise-moi
http://chloenoura.eklablog.com/apprivoise-moi-de-chloe-a126854264
Conte "le temps des marmottes"
http://chloenoura.eklablog.com/le-temps-des-marmottes-de-chloe-a126667206
Conte" il était une fois la différence"
L'enfant de la lune
http://chloenoura.eklablog.com/la-plume-d-evy-defi-n-96-a128315964
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pimprenelle05/03/2012 18:40