• Ma région: Le Faouët

    Le Faouët

     

    Ma région: Le Faouët

    A la frontière entre le finistère-sud et le Morbihan, la commune du Faouët est sillonnée par deux rivières imposantes et bouillonnantes, l’Ellé et l’Inam, descendant des Montagne Noires. Le Faouët tient son nom du Breton Faou ( hêtre), essence prédominante dans les forêts environnantes.

    Au centre du Faouët,trônent les Halles, imposante construction à la charpente de chêne et de sapin , datant de la fin du XV° et le début du XVI°, construites à l’initiative des barons du Faouët , qui  en tiraient des revenus substantiels ( perception de droits sur les marchés, foires,etc.).

    Les Halles Du Faouët XVIe

    Classés au Patrimoine des monuments historiques

    Les halles, propriété des seigneurs du Faouët, ont été le lieu d'un marché hebdomadaire et de neuf foires annuelles, puis quatorze à partir du XVIIe siècle. Le bâtiment actuel semble avoir existé dès 1542 mais a subi de nombreuses restaurations aux XIXe et XXe siècles. De forme rectangulaire, l'édifice possède quatre accès, deux entrées latérales couvertes d'un toit à croupe et deux entrées axiales couvertes d'un toit à deux versants.

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    Le Faouët recèle deux chapelles admirables : la chapelle Saint-Fiacre et la chapelle Sainte-Barbe,

    La chapelle Sainte Barbe

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    La chapelle Saint-Fiacre, construite entre 1450 et 1480 est l’un des joyaux du gothique flamboyant breton. A l’intérieur, on repère immédiatement le célèbre Jubé.

    Cette cloison séparant les officiants des fidèles avait également une fonction pédagogique. Les sculptures évoquaient la doctrine de l’Eglise , permettant ainsi aux croyants de mieux imaginer , voire de suivre , un monde spirituel qui leur était ainsi ouvertement prôné. Enfin, signalons que la « paroisse » du Faouët est également connue pour avoir activement participé à la révolte des bonnets rouges. 

     

    Chapelle de St Fiacre

     

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    le plus beau Jubé de France

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    Le pays du roi Morvan 

     

     

     

    Le roi Morvan

    Originaire des environs de  Priziac (Morbihan)  il régna sur le vannetais, la Domnonée et le Léon. Son château aujourd'hui disparu se trouvait probablement sur la colline de Minez Morvan dans la contrée de Le Faouët-Langonnet. Cette zone est d'ailleurs connu de nos jours sous l'appellation touristique de pays du roi Morvan. 

     

    Son terroir fut le théâtre d’une bataille sanglante lors de laquelle Morvan résista victorieusement aux armées franques de Louis Le Débonnaire . Ses exploits sont relatés dans leBarzac Breiz  mais nous connaissons également le témoignage du chroniqueur franc Ermold Le Noir. Il raconte comment le moine Witkar, envoyé par l'empereur Louis le Débonnaire en ambassade auprès de Murman "Lez-Breizh" pour demander la soumission des Bretons, s'entend répondre:

    « Va promptement trouver ton maître, et répète lui mes paroles. Je n'habite point sa terre, je ne veux pas subir sa loi. Qu'il règne sur le Franks, soit. Murman règne sur les Bretons. Si les Franks nous font la guerre, la guerre nous leur rendrons. Nous avons des bras nous saurons nous en servir » (...) « Hâte-toi de reporter ces paroles à ton roi : les champs que je cultive ne sont pas les siens, et je n'entends point recevoir ses lois. Qu'il gouverne les Francs ; Murman commande à juste titre aux Bretons, et refuse tout cens et tout tribut. Que les Franks osent déclarer la guerre, et sur-le-champ moi aussi je pousserai le cri du combat, et leur montrerai que mon bras n'est pas encore si faible. »

    — Poème d'Ermold Le Noir , Chant troisième, traduction de 1824 (édition Brière)

    En effet, aux alentours de 800 deux zones divisent la Bretagne : la zone bretonne ( la Domnonée, le Léon, La cornouaille, Le Broërec )   contre la zone gallo-franque ou marches de Bretagne (rennes-Nantes ). Pour renforcer leurs positions, les rois carolingiens tendaient à multiplier le peuplement franc de la Bretagne et à guerroyer contre les comtés bretons en perpétuelle révolte contre le tribut  qu'on voulait leur imposer. La puissante autorité carolingienne dut faire campagne en 786,799,811 ...  Les chefs bretons régulièrement battus furent incapables de s'unir devant l'ennemi commun jusqu'au jour où ils s'entendirent pour reconnaître comme chef Morvan obligeant Louis à intervenir.

    Après la défaite, Louis Le Débonnaire organisa en personne la réplique et poursuivit Morvan jusqu'en Langonnet . Le premier roi breton fut tué en 818  dans un lieu non identifié à ce jour mis probablement quelque part entre Priziac et Carhaix.

    La Marion du Faouët 

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    De Robin des Bois à Jessie James, chaque époque, chaque pays entretient le souvenir de son "brigand bien-aimé". Tout le monde connait Louis Mandrin, roué vif à Valence (Drôme actuelle) en 1755 au moins grâce à "la Complainte de Mandrin". Quelques années auparavant, Jean Dominique Cartouche, roué vif lui aussi (en 1721) mais à Paris, en place de Grève, avait fait le bonheur des gazettes où il était décrit comme le roi de Paris à un moment où le régent, Philippe d’Orléans, peinait à asseoir son autorité. En Bretagne, l’épisode de la conjuration de Pontcallec (décapité à Nantes en 1720) est là pour le rappeler.

    Trois ans avant l’exécution du gentilhomme breton, en 1717 donc, naissait à Porz en Haie, à quelques lieux du Faouët, Marie Louise Tromel qui prendra place au panthéon des brigands sympathiques, ceux qui détroussent les nantis pour aider les démunis. Elle restera dans l’histoire (bien mâtinée de légende, il faut le dire) sous le nom de Marion du Faouët.

    Félicien Tromel, son père, est ouvrier agricole : il loue ses bras à la journée mais le travail est aléatoire et les salaires misérables (au mieux six sols par jour, plus souvent quatre). Marie Louise connait donc très tôt la pauvreté. Elle apprend à mendier, activité courante en Bretagne dans ce siècle dit "des Lumières".

    Détail de "Mendiants" de P. Mathey (1923)

    En Bretagne, ce siècle porte mal son nom et c’est une période bien "sombre". La province connait des crises importantes de mortalité. Les mauvaises récoltes enchainent disette et flambée des prix. La misère se répercute sur l’état physiologique des populations. Stéphane Perréon ("L’armée en Bretagne au XVIIIème siècle") cite l’exemple de la région de Landerneau où 89 % des hommes qui tirent au sort pour entrer dans les milices sont déclarés inaptes parce que trop chétifs ... En 1743, le curé de Campénéac, près de Ploërmel, parle de "pauvres ... qui ressembloient à des spectres, à des gens venus de l’autre monde".

    Marion telle que l’imagine Catherine Gorne-Achdjian pour le roman de Yvonne Chauffin (LIV’EDITIONS 1997)

    La petite Marie Louise Tromel arrive donc dans un monde où seuls, les moins faibles, à défaut des plus forts, survivent et il semble qu’elle prenne conscience très tôt de cette fatalité. Elle accompagne sa mère qui, entre deux maternités, parcourt les villages, les foires, les pardons pour essayer de placer quelques menus objets de mercerie : lacets, fils, aiguilles, ... Marion se jure qu’elle ne connaîtra pas cette vie de misère et elle aide parfois le destin en volant aux étals (les tentations sont nombreuses) ou en délestant quelque bourgeois d’une bourse trop visible.

    En 1735, elle rencontre Henry Pezron que l’on surnomme Hanvigen. Il deviendra le principal compagnon, l’amant préféré (elle n’est pas exclusive et bien d’autres partageront sa couche !). L’année suivante, elle accouche de son premier enfant et c’est dans ces temps-là que se constitue vraiment la bande de Marion que l’on appelle aussi Finefond (celle qui est fine et rusée).

    En 1743, Henry Pezron est arrêté avec quelques complices et Marion se charge de le faire évader après quelques mois de prison. La bande reprend ses activités et se renforce, comptant jusqu’à 80 affidés. Le théâtre des opérations s’agrandit : on signale la troupe aussi bien à Quimper qu’à Vannes, parfois à Ploemeur et la région de Carhaix.

    Mais la renommée de la troupe Finefond finit par inquiéter les autorités et la traque s’organise. Marion et Henry sont arrêtés avec deux autres complices dans la région de Ploerdut. En début d’année 1746, à Hennebont, les 4 brigands sont condamnés à être pendus. Ils obtiennent cependant la "grâce de l’appel" et sont transférés à Rennes où s’ouvre un second procès. Hanvigen prend à son compte toutes les activités de la bande et, pour lui, la sentence est confirmée (il sera pendu le 28 mars 1747). Ses deux comparses sont absous et Marion échappe elle aussi à la corde. Elle est malgré tout fouettée nue en place publique et marqué au fer rouge du "V" des voleurs. La liberté qu’on lui accorde alors est assortie d’une interdiction de séjour dans son pays du Faouët.

    Bien entendu, elle y retourne sans tarder et retrouve une bonne partie de sa bande. Les affaires reprennent donc mais le coeur n’y est plus : après la disparition d’Henry, Marion n’est plus la même.

    Pendant 7 ans, malgré tout, elle continue d’écumer la région sans être vraiment inquiétée. Mais en septembre 1747, son frère Joseph, au cours d’une rixe d’ivrognes, blesse à mort un bourgeois du Faouët, le sénéchal Guyet. C’en est fini du semblant de connivence qui existait entre les habitants et les "Finefond" : le sang a coulé. Même le clergé s’en mêle et Marion est désignée à la vindicte populaire lors des prêches du dimanche.

    En juin 1748, à nouveau enceinte, elle est interpellée à Auray et accouche dans la nuit qui suit son arrestation. Les juges de Vannes sont cléments (et elle sait y faire ...) : ils la relâchent aussitôt.

    Suivent 4 années d’errance avant que Marion ne se retrouve derrière les barreaux à Carhaix dans un premier temps puis à Quimper d’où elle s’évade en sciant les barreaux de sa prison (10 septembre 1752).

    Mais la justice ne la lâche plus et elle doit aller de cachette en cachette. C’est finalement à Nantes qu’elle est arrêtée pour délit de vagabondage puis reconnue par une personnes de Gourin. Elle est transférée à Quimper où elle sera jugée. Elle a beau nier tous les chefs d’accusation qu’on lui impute (pas moins d’une vingtaine ... mais les autorités ne savent pas tout !), la sentence est prévisible et le 17 mai 1755, la Marion du Faouët est pendue en place publique.